A l'emplacement de l'ancien castrum gallo-romain, où passe désormais la rue de la République, se trouvait l'Abbaye de Saint Amand (ou Abbatiale Saint Amand). L'Abbaye, dont les religieuses étaient des Bénédictines, fut fondée en 1042 par Gosselin d'Arques, Vicomte de Rouen, et sa femme Emmeline, vraisemblablement à l'emplacement d'une abbaye pré-normande. A la fin de sa vie, Emmeline se retira à Saint Amand où elle fut rejointe par sa fille Béatrix. Son mari, Gosselin, rejoignit quant à lui le monastère de la Trinité.
A cet endroit, les vestiges de l'occupation romaine (temples païens) étaient nombreux. On y trouve également des vestiges du mur de fortification de la ville mais aussi d'un théâtre, côté rue Saint Amand, de 75 mètres de façade. L'abbaye bénéficiait du soutien de l'aristocratie normande et de la famille royale : l'abbesse Mathilde IV (1261 - 1268) était la cousine de Saint Louis. Guillaume Le Conquérant donna peu de temps avant sa mort de nombreuses terres à l'Abbaye de Saint Amand, tant en Normandie qu'en Angleterre, ce qui en fit l'une des abbayes féminines les plus puissantes et les plus riches de Normandie.
La guerre de Cent Ans puis les pillages des Huguenots en 1562, faillirent être fatals à l'Abbaye. L'abbatiat de Madame de Barentin correspond aux derniers moments de splendeur de l'abbaye. Elle avait fait entreprendre la construction d'un nouveau monastère à l'ouest des bâtiments anciens, probablement jamais achevé à cause d'un incendie en 1709.
L'Abbaye de Saint Amand fut définitivement supprimée en 1790 et ses bâtiments servirent de magasin central de l'habillement à l'armée puis furent vendus à Messieurs Lasnier et Poulet qui se les partagèrent, avant qu'ils soient éventrés par les percements des rues Neuve de Saint Amand (actuelle rue Saint Amand) et Royale (actuelle rue de la République).
Quelques trop rares vestiges sont encore visibles au milieu des constructions du XIXème siècle.