Je n’ai pas écrit ces dernières semaines, sans doute parce que je pars du principe que, lorsqu’on a rien à dire, mieux vaut, effectivement, ne rien dire. Dans ma grande agence du fin fond de la banlieue de Paris, il ne se passe rien. En un mot comme en cent, je fais acte de présence, point. J’ai été recrutée pour travailler sur plusieurs opérations que j’avais supposées acquises. Il n’en était rien. Au lieu de me faire travailler sur d’autres dossiers, dans d’autres cellules de l’agence, on me cantonne à rester assise à mon bureau, à attendre que la journée passe. Et elle passe très lentement, je peux vous l’assurer. Il m’arrive même de piquer du nez sur mon clavier dans la journée. Autant dire que ce nouveau poste ne m’apporte rien, si ce n’est un salaire pendant trois mois seulement, au lieu des 9 initialement prévus. Et l’hostilité de certains de mes condisciples, qui aimeraient ne rien avoir à faire. Les jours de fête, on me confie quelques photocopies à faire, voire une facture à ranger dans un classeur. Les jours de fête, seulement… J’ai changé souvent de société depuis que j’ai commencé à travailler mais jamais je n’ai connu pire manque d’organisation. Je n’ai jamais connu pareille concentration de juniors et de stagiaires. Dans ma cellule tout est fait à l’à-peu-près, non pas dans un souci de qualité mais dans le but d’être débarrassé au plus vite des dossiers. Mon supérieur hiérarchique est une catastrophe ambulante, qui, selon ses propres termes, est intellectuellement limité. C’est bien d’être lucide, encore faut-il savoir évoluer. Dans ces conditions, comment s’étonner de voir des agences entières mettre la clé sous le paillasson ? La situation économique n’explique pas tout. L’incompétence, oui.