Jusqu'à il y a trois ans, la Toussaint était pour moi une fête religieuse, un moment où les catholiques pensaient aux membres disparus de leurs famillles, à ces amis partis trop tôt… A tous ces gens auxquels on n'a pas dit, lorsqu'on en avait l'occasion, qu'on les aimait et à qui on ne pourrait plus le dire… A tous ces gens qui avaient partagé nos tranches de vie, nos bonheurs, nos petits et grands malheurs.
Mais ce n'était pas vraiment MA Toussaint, parce que je n'avais pas forcément bien connu les disparus de ma famille. Parce que j'étais trop jeune, ou qu'on ne se rendait pas beaucoup visite.
Le 26 mai 1999, j'ai perdu mon arrière grand tante. Cela semble être un lien de parenté tellement éloigné que beaucoup de personnes se demandent comment nous pouvions être proches. J'ai eu la chance de la connaître, elle s'appelait Gabrielle.
D'elle émanait une grande joie de vivre, une force et une combativité que l'on retrouve chez ceux qui ont eu à subir une ou plusieurs guerres. Elle est décédée des suites d'un cancer qui se généralisait, elle allait avoir 96 ans. Et je l'aimais énormément.
L'an dernier, le 30 août 2001, j'ai perdu la personne que j'aimais le plus au monde, et certainement celle que j'admirais le plus aussi. Cette personne m'avait élevée, elle était plus ma mère que ma propre mère. C'était ma grand-mère, Irène. Mon monde s'est écroulé ce jour-là. Elle avait toujours été là pour moi, elle était mon guide, mon histoire, ma famille. Elle avait les yeux verts, ce sourire doux que seules ont les grands-mères, elle sentait bon le n°5, elle était toujours élégante. C'était ma grand-mère et je l'aimais, elle avait 80 ans. Toute ma vie j'ai craint le jour où elle partirait pour son dernier voyage, et ce jour est arrivé l'an dernier… Trop tôt. Des suites d'une attaque cérébrale. Il ne se passe pas une heure sans que je pense à elle, et elle vit dans mon cœur, mes pensées. Parfois je la sens très proche de moi… Et j'aimerais tellement la serrer dans mes bras, ne serait-ce qu'une minute.
La Toussaint, pour moi, depuis trois ans, ce n'est plus seulement une fête religieuse où les cimetières se parent de couleurs automnales. C'est un moment qui me rappelle que nous sommes tous éphémères, que les gens que l'on aime ne sont pas immortels en ce monde, qu'il faut leur dire qu'on les aime tant qu'ils sont là, que tout ce qui nous paraît important aujourd'hui ne le sera plus demain, quand nous aussi serons de l'autre côté du chemin…