Faits divers… Une expression un tantinet galvaudée, qui veut tout et rien dire… On range beaucoup de choses dans cette case… Suicides, meurtres, drames familiaux…
Le premier “fait divers”, c'était le 26 décembre… Lui, c'est Jacques, 78 ans. Il souffre d'un cancer et est rentré chez lui après sa dernière hospitalisation, quelques jours avant Noël. Elle, c'est Suzanne, 80 ans. Elle a dit aux voisins que son mari et elle-même fêteraient Noël avec leurs petits-enfants… Apparemment, ils sont restés seuls ce jour-là, pas un bruit n'a laissé supposer aux voisins qu'ils recevaient qui que ce soit… Trois enfants, éparpillés, l'un à Paris, les deux autres dans le Sud de la France… Parce qu'il leur était impossible de vivre l'un sans l'autre, et que la maladie de Jacques le condamnait à cours terme, ils ont pris la décision de rester unis à jamais, de mourir ensemble… Ils ont écrit une lettre pour leur famille, ont étiqueté leurs vêtements pour faciliter l'identification de leurs corps par les secours. À plus de 3h du matin, ils sont montés sur la terrasse de leur immeuble de la rue Garibaldi, dans la banlieue de Rouen, à Sotteville-lès Rouen, ont enjambé la rambarde de sécurité avec l'escabeau qu'ils avaient pris soin d'emmener avec eux, et se sont jetés dans le vide… C'est triste et beau à la fois, parce qu'il faut vraiment s'aimer plus que tout pour mourir avec l'autre plutôt que d'en être séparé. Un dernier Noël, ensemble, toute une vie sans que la mort ne puisse les séparer…
Le second “fait divers” date de la semaine passée. Le drame s'est déroulé jeudi dernier, le 8 janvier. Milieu aisé rouennais, dans lequel on ne peut imaginer que cela puisse arriver. Camille et Constance, 18 ans, deux amies de lycée, très proches, déjeunent chez cette dernière dans le quartier Saint Gervais, non loin de leur lycée privé (Les Tourelles, situé rue Verte à Rouen). Une habitude… Mais entre midi et 15h selon les premières constatations, la pause déjeuner tourne au drame : Constance, la “meurtrière présumée”, accuse son amie Camille de lui avoir pris son petit ami, fait dont elle aurait été au courant depuis quelques temps… et s'acharne sur la victime, à coups de couteau et de marteau, avant de traîner son corps à l'étage de la maison familiale et de le cacher dans sa propre chambre, sous sa couette. Laissant sa mère faire à son retour, vers 20h, la “macabre découverte”. Les parents préviennent la police, la meurtrière présumée est interpellée dans la soirée chez un de ses amis. Placée aussitôt en garde à vue, elle reconnaît les faits de façon cohérente et pas du tout délirante… Meurtre particulièrement violent aux dires du légiste qui a fait les premières constatations, l'autopsie ne devait avoir lieu qu'aujourd'hui.
Un médecin psychiatre qui examine la meurtrière présumée, peu de temps après la prolongation de sa garde à vue, décèle chez elle un syndrome dépressif accompagné d'idées suicidaires. Elle est de facto internée sur décision préfectorale à l'hôpital psychiatrique de Saint Etienne du Rouvray, dans la banlieue de Rouen, et ce dans l'attente d'expertises médicales complémentaires et de l'ouverture d'une information judiciaire pour homicide volontaire. Reste à déterminer s'il y a eu ou non préméditation…
Son skyblog vient d'être vidé de son contenu. Celui de Camille est lui, toujours en ligne. Idem pour sa page Facebook, où les témoignages d'amitié, de tristesse et d'incompréhension de ses amis se succèdent…
Alors d'accord, c'est à la justice de juger… Et elle trouvera sans doute bien des excuses et circonstances atténuantes à la coupable, parce qu'en France, c'est bien connu, les coupables doivent avoir l'espoir de vivre normalement après avoir "purgé" leur peine…
Mais il ne faut pas oublier que la Victime, c'est cette jeune fille qui avait fêté ses 18 ans il y a peu, Camille, qui aimait le rock, l'emo, la nature, les chevaux, … ne demandait qu'à vivre… Qu'elle avait sans doute des rêves et des projets plein la tête… Qu'on l'a arrachée à la vie sans raison valable…
C'est quoi un petit ami quand on a 18 ans, si ce n'est le début d'une liste plus ou moins longue ?… Un mobile bien dérisoire, en tout cas…
Et puis il y a les autres victimes, ses parents, sa famille, ses amis, parce que leur vie est bouleversée, détruite, à tout jamais… Et qu'ils ne pourront jamais oublier ce qu'ont été les derniers instants de Camille… La douleur et l'effroi… Parce que ce meurtre est doublement horrible, de par la façon dont il a été perpétré, et de par son auteur… Parce que c'est tellement choquant qu'on a du mal ne serait-ce qu'à imaginer qu'il puisse être l'œuvre d'une jeune fille de bonne famille, sans histoire ni passé judiciaire… Comment une amitié qui semblait si intense et profonde a-t-elle pu se muer en haine ?
Où va la jeunesse si elle résout ses différends dans le sang ?…
Je ne connaissais pas Camille, je ne connaissais pas sa famille ni ses amis, peut-être les ai-je croisés un jour ou l'autre dans une rue de Rouen, ce n'est pas une si grande ville et nous sommes de la même rive… Mais depuis que j'ai appris cette tragédie ce week-end, mes pensées vont vers elle qui n'est plus, puisse-t-elle reposer en paix, et vers eux, qui doivent tenter d'accepter l'insupportable… Et de continuer à vivre… Au vide qu'ils doivent ressentir, et à leur douleur… À cette plaie qui s'est ouverte dans le cœur de chacun d'entre eux et ne se refermera sans doute jamais… Quel gâchis…
Et j'ai aussi une pensée pour les parents et la famille de la meurtrière présumée, eux que rien ne prédisposait à se retrouver propulsés dans des circonstances aussi épouvantables sur le devant de la scène… À cette mère qui a trouvé le corps de l'amie de sa fille, qui a dû réaliser ce qui s'était produit, à tout ce que cette famille va également endurer… À ces parents, à cette famille, qui ne doivent pas comprendre, mais vont devoir vivre avec ce geste…
Vous ne trouverez dans cet article ni les noms de famille des protagonistes, ni photos, ni captures d'écran ou adresses de skyblogs, ni extraits de textes écrits par les amis de la victime… Juste le nom du lycée fréquenté par les deux jeunes filles, largement diffusé dans la presse.
C'est un choix, par respect pour Camille, pour sa famille, pour ses amis… Par respect aussi pour la famille de Constance… Cette épouvantable histoire bouleverse beaucoup de personnes, mais elle n'appartient qu'aux familles et aux amis de la victime auxquels on ne peut qu'exprimer notre soutien et notre compassion… Pas à nous, qui ne sommes que de simples spectateurs…
Les charognards qui arpentent le web peuvent donc aller à la pêche aux infos ailleurs…
Edit 14/01/09 : Les résultats de l'autopsie sont tombés, Camille aurait succombé à des coups "portés, à l'aide d'un marteau et d'un ou de plusieurs couteau(x), sur le visage, au niveau du crâne, ainsi que sur le thorax", selon le communiqué du procureur de la République de Rouen. Plusieurs de ces coups auraient été mortels. Difficile de concevoir un tel acharnement qui n'a laissé aucune chance à la victime, qui a tenté en vain de se défendre. Difficile également de savoir ce qui a été le déclencheur du drame, étant donné que selon des sources proches de l'enquête, les liens qui unissaient Camille et Benoît, l'ex-petit ami de Constance, étaient connus de cette dernière depuis un certain temps… Que s'est-il produit ce jour-là ? Nous en saurons sans doute plus dans les jours à venir : pour l'heure, Constance est toujours hospitalisée à l'hôpital psychiatrique de Saint Etienne du Rouvray, et, dans l'attente d'être jugée ou non responsable de ses actes par les psychiatres, elle n'a pas encore été mise en examen par le juge d'instruction. Et selon la loi française, elle reste, en cas de procès, présumée innocente tant que le verdict de la Cour d'Assises n'est pas rendu… Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès, s'il a lieu, ne se tiendra pas avant plusieurs années…
Edit 15/01/09 : Camille sera inhumée dans son village ce vendredi après-midi. Ayons une pensée, une prière, pour elle, pour sa famille et ses amis…